Chapitre VIII - Le Sauvetage

Chapitre VIII

Le sauvetage

Notre équipe approche maintenant tout doucement de la maison du tailleur. Il ne s’agit pas de se faire repérer ! La lune est toujours là, dans le ciel, et autour de la maison, on n’entend que le bruit du vent léger dans les branches et le cri de quelques oiseaux de nuit. A quelques mètres de la maison, Hugo chuchote : « Je vais aller ouvrir la porte de devant et chercher la clé de l’autre porte, en haut de l’escalier… Madame Mina, vous venez avec moi ? Otons nos galoches, nous ferons moins de bruit. »

Le reste de la troupe les regarde s’approcher de la maison en marchant sur les touffes d’herbes pour amortir leurs pas. Tout doucement Hugo s’empare de la clé, l’introduit dans la serrure, heureusement bien huilée, ouvre, et pénètre avec Mina dans la maison sans qu’on ait pu entendre aucun bruit. Mina se poste comme prévu près du placard : En collant son oreille, elle entend le souffle de la petite qui semble dormir. « Tant mieux », se dit-elle !
Hugo de son côté a récupéré la clé de la pièce du haut, par laquelle ceux qui vont monter par l’extérieur pourront surprendre Oscar Hubin dans sa chambre. Puis il ressort, aussi doucement qu’il est entré et rejoint sans bruit ses compagnons.

- « Tu es un as » chuchote Albert Deschâteaux. « Bon, nous allons maintenant piéger ce bandit. Dis moi, Hugo, où se trouve la chambre du tailleur ? »
- «  Elle est juste en face de l’escalier, au premier ».
- « Vous êtes prêt, Antoine ? Allons y doucement. Enlevons aussi nos souliers… C’est heureux qu’il y ait autant de mauvaises herbes dans cette cour ! Prenons soin de ne pas marcher sur les cailloux. »
L’autre groupe, c'est-à-dire Georges et Hugo, prennent les mêmes précautions pour atteindre l’escalier extérieur, sur le côté de la maison. Quelle chance pense alors Hugo, que le tailleur ait fait fuir son chien par ses mauvais traitements !

Georges et Hugo retiennent leur souffle en tournant la clé dans la serrure : Celle-ci est vieille et rouillée, et elle grince… Enfin, ça y est, on peut entrer. La pièce où ils pénètrent tous les deux est heureusement éclairée par la lune. Cela sent l’étoffe, la colle, le papier. Ils repèrent vite la porte qui donne directement sur la chambre d’Oscar, dont les ronflements sont rassurants. Au moins, il ne se doute de rien ! Et puis cela étouffe le bruit de leurs pas et celui d’Albert et d’Antoine qui doivent eux aussi s’approcher de la chambre !

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- « Cela suffit » ! dit tout à coup le fantôme ! « A quoi cela sert-il que je vous raconte tout cela. Partez d’ici ! Vous ne pouvez rien pour moi ! »
Sa voix vient de changer. Elle est moins dure…
- « Mais le petit fantôme ?????  s’inquiètent les enfants !
- « Il n’y a pas de petit fantôme ! C’est moi qui ai écrit ce papier ».
- « Si vous l’avez écrit, dit calmement la grand-mère, c’est que vous aviez bien l’intention d’éveiller la curiosité de vos visiteurs. Et pourquoi faire cela si ce n’est pour que l’on vous vienne en aide ? Vous feriez bien mieux maintenant d’aller jusqu’au bout de votre histoire. Nous ne partirons pas avant. »

- « Bon, alors je continue », finit-il par dire, d’une voix qui maintenant est presque aimable. « Je dormais, je rêvais à la fortune qui m’attendait. Oh, je n’aurais pas fait de mal à la petite, vous savez. Mais je voulais être plus riche, toujours plus riche !  Et voilà que tout d’un coup je suis tiré de mon sommeil par une véritable armée. On se précipite sur moi, on me tient, on me tire, on me bâillonne, on me ligote !!! Il ne me reste que mes yeux pour voir, et je reconnais Hugo, et puis Albert Deschâteaux lui-même et son employé Georges, et puis un grand type très fort que j’avais déjà aperçu avec Georges et Mina au village. Je me dis que Jean Crétois n’est peut-être pas loin et que tout n’est pas perdu. Mais non ! On me dit qu’on l’a déjà arrêté et enfermé. Je suis fini !!!! »

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- « Tu es fini, voleur d’enfant ! » crie Albert.
Juste à ce moment, on entend des pas légers dans l’escalier. « Papa !! » C’est Amandine, délivrée par Mina et réveillée doucement par la gentille gouvernante, qui se précipite vers son père et saute dans ses bras. Puis elle se tourne vers Hugo et lui fait le plus beau des sourires.
- « Tu es mon brave chevalier » lui dit-elle.

Albert repose la fillette sur ses pieds et se tourne vers les hommes.
- « Georges, voyez donc si vous pouvez trouver un équipage pour raccompagner Mina et Amandine au château, puis filer chercher la maréchaussée. Nous devons mettre le bougre entre leurs mains ! Antoine et moi, nous allons attendre ici avec Hugo ».

L’attente est longue. Georges en effet, après avoir laissé sa femme et la fillette auprès de Madame Deschâteaux, a eu bien du mal à réveiller les gendarmes !!! Ceux-ci ont emmené le malfaiteur et l’ont mis au cachot. Puis ils sont revenus au château afin de récupérer Jean Crétois, le géant ! Lui aussi se retrouve en prison pour un bon bout de temps !