Chapitre V
Que va devenir la petite fille ?
La vieille dame, la fillette, le fils et la famille Chat écoutent avec horreur cette histoire que le vieux fantôme raconte comme si c’était tout à fait amusant.
La vieille dame intervient :
- « Pardon de vous interrompre, monsieur le fantôme. Vous n’étiez pas encore un fantôme à cette époque : Alors pourquoi avez-vous signé Le Fantôme de la Lune Noire ? »
- « Parce que j’aime faire peur aux gens ! »
Le garçon à son tour a envie de parler :
- « Pourquoi vouloir cette rançon ? Vous n’étiez pas assez riche ? »
Enfin, la fillette soupire et dit :
- « Pauvre petite fille ! Comme elle devait avoir peur ! Permettez moi de vous dire que vous êtes un monstre, monsieur le Fantôme ! »
- « Taisez-vous tous ! s’écria le fantôme. Sinon vous ne saurez rien de plus ! »
- « Ne vous énervez pas. Continuez je vous prie », dit la vieille dame.
Le fantôme est ravi de pouvoir continuer à raconter son histoire, car il espère bien que ces stupides visiteurs vont le délivrer du mauvais sort qui le retient dans ces lieux.
Reprenons donc : Ce fameux soir…..
Le jeune apprenti, derrière sa porte entr’ouverte, ose à peine respirer. Oscar Hubin, son maître, a pour le moment au moins, oublié sa présence.
Le méchant tailleur tend la lettre à Jean Crétois, en lui disant :
- « Accroche-la cette nuit à la grille du château de cette riche famille, là où tu as enlevé la fille. Ne perds pas de temps. »
- « Eh, dites donc, j’en ai déjà fait assez ! Je veux être payé ! »
- « Tu le seras quand nous serons devenus les plus riches propriétaires de la région, dit Oscar. Allez, dépêche-toi ! »
Jean Crétois repart en bougonnant dans la nuit. Oscar saisit la fillette et l’enferme dans un petit cagibi, tout près de celui où est caché Hugo. Celui-ci a refermé tout doucement sa porte et fait semblant d’être plongé dans un profond sommeil. Heureusement, car Oscar vient de réaliser qu’il était là, et vient vérifier qu’il n’a rien entendu !
Puis il remonte se coucher.
De son placard, Hugo entend la petite fille qui pleure doucement, juste de l’autre côté d’une mince cloison qui le sépare de son cagibi. Il attend assez longtemps, pour être sûr que son patron soit endormi. Il n’a pas à attendre trop longtemps : Les ronflements du maître se font entendre presque aussitôt. Hugo pense : « le malheur de la petite fille ne le dérange vraiment pas, celui-là ! »
Alors il se lève, ouvre doucement la porte de son placard, et se glisse sans bruit vers le cagibi où sont rangés les outils et les pièces de tissus du tailleur.
La porte est fermée à clé, bien sûr…
Il se met à parler tout doucement :
- « N’aie pas peur, petite fille. Je suis ton ami. Je m’appelle Hugo. J’ai douze ans et je suis l’apprenti de monsieur Oscar. Je vais t’aider à retrouver tes parents très vite. »
De l’autre côté de la porte, la petite fille a cessé de pleurer.
- « Comment t’appelles-tu ? »
- « Je m’appelle Amandine Rose Deschâteaux et j’ai huit ans. »
- « Dis-moi vite où tu habites. Je dois aller prévenir ta famille le plus vite possible pendant que le maître dort. Tes parents doivent être tellement inquiets ! »
La petite fille lui explique qu’elle habite au château, sur la colline, derrière le grand lac. Hugo a déjà vu ce magnifique château, entouré d’un parc et de hautes grilles.
- « Comment est-ce que je vais faire pour entrer dans le parc et aller jusqu’au château ? Tout doit être fermé à clé ! »
- « Passe par la gauche après la grande porte de la grille. Après tu arriveras à un petit bois. Il faut le traverser en longeant la grille du château. Tu arriveras bientôt à une petite maisonnette. C’est là qu’habitent Georges et Mina. Lui, c’est le jardinier, et elle c’est la gouvernante. Ils sont très gentils et s’occupent toujours de moi. C’est eux que tu dois aller voir. Ils t’amèneront jusqu’à mes parents dans le château. Mais fais attention : Le méchant Jean Crétois est sur le chemin ! C’est lui qui m’a enlevée alors que j’allais avec le cocher chez ma cousine Flore-Alisée. »
- « J’ai tout compris, dit Hugo. Ne t’inquiète pas. Je serai prudent. A très bientôt ! »
- « Oh merci Hugo ! A bientôt ! »
- « Toi aussi sois prudente. Oscar est un méchant homme. Pour l’adoucir, il faut le flatter. Il est tellement orgueilleux…. Ne l’oublie pas. Allez, j’y vais.»
Et c’est ainsi que Hugo s’en va tout doucement de la maison, au milieu de la nuit. Il a pris soin de bien refermer la porte à clé et a mis la clé sous un pot de fleurs. Il a juste pris une cape foncée, avec une capuche, qui le protégera du froid et le rendra moins visible sous la lune.