Chapitre IX
Le mauvais sort
Le lendemain matin, tout le monde se repose. On a invité à déjeuner au château Hugo, Antoine, Georges et Mina. Le repas est joyeux.
Madame Deschâteaux songe aussi à la petite promenade qu’elle va faire dans l’après-midi…
Après qu’on ait pris le café dans le salon, Amandine Rose va faire une sieste. Les événements de la nuit l’ont bien fatiguée… Elle et Hugo ont décidé d’être à partir de ce jour les meilleurs amis du monde. D’ailleurs, ils se verront souvent. En effet, Albert Deschâteaux a proposé à Hugo de travailler pour lui. Il vient d’ouvrir une scierie pour transformer en planches les arbres abattus dans les forêts qui entourent le château, et il a besoin de former un jeune apprenti. Plus tard, il pourra même devenir son associé. Hugo est fou de joie. C’est tellement mieux que de servir de domestique à un méchant homme !
Madame Deschâteaux annonce alors son intention de se rendre au village.
- « Tu as raison, lui dit son mari, cela te changera les idées ! Georges, peux-tu accompagner Madame ? »
Et les voilà partis. Mina les accompagne. Elle a besoin de faire aussi quelques courses. Madame Deschâteaux ne veut pas leur cacher la raison de cette promenade. Elle leur raconte donc ce qu’elle sait de l’histoire du « fantôme de la lune noire », et leur demande d’arrêter la calèche devant la vieille demeure de la tante Morène.
- « Nous vous attendons », promettent-ils.
C’est une bien vieille dame qui ouvre la porte. On lui donnerait cent ans ! Et il faut avouer qu’elle ressemble un peu à une sorcière avec ce gros bouton qu’elle a sur le nez et la moustache qui orne son menton. Mais ses yeux brillent, toujours aussi malicieux.
- « Adèle ! ma chère petite ! Quel plaisir de te voir ! Comment va ton cher Albert ? et la jolie petite Amandine Rose ? Rentre donc ! Viens boire mon délicieux sirop de baies de la forêt ! »
Adèle sourit. La vieille tante est toujours aussi bavarde ! Et elle fait toujours ce breuvage délicieux qu’elle adorait quand elle était jeune.
- « Dites-moi, ma tante…. Vous souvenez-vous de cette histoire que vous me racontiez, celle du « fantôme de la lune noire » ?
- « Et comment !!! C’est une bien vieille légende de ce pays! Elle raconte que certains mauvais bougres ont été un jour transformés en fantômes… jusqu’au jour où quelqu’un les a délivrés de ce mauvais sort. »
- « Mais ma tante, comment étaient-ils transformés en fantômes, le savez-vous ? »
- « Bien sûr ! … Il suffit de posséder le don ! Tu connais quelqu’un de mauvais qui mériterait de payer ainsi ses fautes ? »
- « Oh oui ! » dit Adèle qui raconta à sa vieille tante Morène ce qui était arrivé la veille et la nuit précédente.
- « Comment ? Cet homme a osé s’en prendre à Amandine Rose ? Le gredin. Ah, il va voir de quel bois se chauffe une vieille sorcière comme moi !! Rentre chez toi, ma chère Adèle. Tu auras bientôt des nouvelles de ce maudit Oscar ! »
En effet, quelques jours plus tard, on apprit que l’un des prisonniers, Oscar Hubin, avait mystérieusement disparu ! Pourtant, personne n’avait ouvert la porte de sa prison, et les barreaux de la fenêtre étaient toujours en place ! Seule une vieille femme, prétendant être sa vieille cousine, était venue lui parler à travers la grille de son cachot, puis était repartie. « C’est de la magie ! » disait le chef des gendarmes !
Adèle retourna voir sa tante Morène :
- « Qu’avez-vous donc fait ? » lui demanda-t-elle, fort curieuse.
- « Je lui ai proposé soit de rester en prison, soit d’en disparaître. Il a choisi de disparaître. Alors, j’ai utilisé mon pouvoir. Il est condamné à hanter sa propre maison jusqu’à ce que quelqu’un, ayant le même pouvoir que moi, puisse l’en délivrer !»