Chapitre VII
Au Château
Le jardinier ouvre l’enveloppe et commence à lire. Quand il a fini, il dit avec un soupçon de frayeur :
- « Alors, ce n’était pas une légende? »
- « De quoi parles-tu ? Questionne Mina. »
- « Du fantôme qui apparaît à minuit les nuits de pleine lu… » Il fut interrompu par Hugo qui dit d’un petit air moqueur :
- Alors, vous croyez à cette histoire ? Mais c’est Oscar Hubin, le méchant tailleur qui vous fait croire à ce genre de chose, ce qu’il veut c’est effrayer les gens, menacer la vie de leurs enfants en échange de toute la fortune de ses proies.
- « Allons. Ressaisissons-nous », intervient le châtelain que nous allons appeler Albert Deschâteaux, car c’est son nom. Sa femme s’appelle Adèle, et Amandine Rose est leur seule enfant. « Il est évident que nous n’avons pas affaire à un vrai fantôme, mais quelqu’un qui est capable d’enlever une enfant pour de l’argent est un sacré mécréant ! Voyons, nous sommes trois hommes : Je te compte comme un homme Hugo, car tu as montré combien tu es courageux. Eux, ils ne sont que deux. »
- « Mais Jean Crétois est un vrai géant, et Oscar Hubin n’a absolument pas de cœur » dit Hugo. Je crois que nous ne serions pas assez forts face à eux deux… »
Mina alors intervient :
- « Vous savez, je n’ai l’air de rien, mais j’ai plus d’un tour dans mon sac, comme on dit, ou plutôt dans la grande poche de mon tablier. Vous pouvez compter sur moi ! Et puis, Georges, on pourrait appeler mon frère Antoine, le garde forestier : il est fort comme un taureau ! »
- « Excellente idée » dit Albert Deschâteaux. Allez le chercher vite, s’il vous plaît Georges !
- « J’y vais de ce pas, il n’habite pas loin d’ici. »
Georges sortit.
« Pendant ce temps là, réfléchissons à notre stratégie, dit Albert en se tournant vers Hugo. Et…… surprise !!!! Hugo s’est endormi, écroulé de fatigue sur le tapis !!
« Pauvre enfant ! Laissons le se reposer un peu. »
****
La grand-mère, la fillette, le garçon et la famille chats retiennent leur souffle. « Hhap ! »…
Et le fantôme continue de raconter…
****
Au château, quelques instants s’écoulent pendant lesquels tout le monde réfléchit, sauf Hugo qui dort à poings fermés.
Dans la maison du tailleur, tout semble calme. Amandine a fini par s’endormir, vaincue par la fatigue.
Mais bientôt Georges est de retour avec Antoine. En chemin, il lui a tout raconté. Et puis, chez Antoine, il se sont munis de tout ce qui pouvait leur être utile pour sauver Amandine : fusil, corde, hache. Albert Deschâteaux prend aussi l’un de ses fusils de chasse et en donne un à Georges. Tout cet équipement ne doit pas servir à tuer, bien sûr, mais pour menacer et aussi pour se protéger. Mina ne prend rien, mais on compte bien sur elle pour avoir de sacrées bonnes idées, car elle est très maligne. Et Hugo dans tout cela ?? Le voici justement qui ouvre un œil !
- « Ouaouhhh » ! Fait-il en voyant devant lui une véritable petite armée. « Moi, dit-il, je me contenterai d’un bon bâton ».
- « Tu trouveras cela dans la remise à bois » lui dit Georges qui lui indique l’endroit.
Voilà. Tout le monde se sent prêt à agir. Seule Madame Deschâteaux reste inquiète. Elle n’est pas assez forte pour accompagner la petite troupe et va se faire du souci toute seul au château pendant leur expédition… Quoique…
- « Ce n’est pas le tout, dit son mari. Comment procédons-nous ? »
- « Moi, j’ai une idée ! dit Hugo »
Il se pencha vers Georges et lui dit son idée dans le creux de l’oreille. Quand il eu fini Georges le félicita. Dis-le tout haut !
- « Je connais bien la maison, dit Hugo et je peux y entrer, car la clé de la grande porte est cachée sous un pot de fleur. En plus, il y a un escalier à l’extérieur qui débouche sur une petite pièce à l’étage où Oscar Hubin range des gros rouleaux de tissus. Sa chambre est juste à côté. Il faut que je commence par en trouver la clé qui doit être cachée en bas, dans le tiroir de la table de travail. Après cela, on pourra se répartir en deux équipes : les uns monteront à la chambre d’Oscar par l’intérieur, et les autres par l’escalier de dehors et par la petite pièce. Comme cela, il ne pourra pas s’échapper ! »
- « Excellente idée » ! dit une grosse voix derrière eux !
Tout le monde sursaute….
Jean Crétois était derrière eux !!!
- « Eh oui ! Tu croyais que je ne t’avais pas vu petite vermine ! Mais je t’ai suivi ! » Jean Crétois menaçait tout le monde avec un gros pistolet….
- « Ne bouge pas », dit une voix, douce mais ferme, derrière lui, « sinon je tire ! »
Jean Crétois se retourne, étonné. Il n’en faut pas plus pour que tous se précipitent sur lui : Antoine le jette à terre, Albert lui prend son arme, et Georges le maintient au sol pendant qu’Hugo et Antoine le ligotent fermement avec la corde.
Pendant ce temps, Mina est venue près de Madame Deschâteaux, toute tremblante et toute étonnée de ce qu’elle venait de faire.
- « Bravo, Madame ! Votre ruse nous a sauvés ! ». Madame Deschâteaux, bien sûr, n’avait pas d’arme !
Il faut toute la force des quatre hommes pour emmener le prisonnier jusqu’au cellier dont la lourde porte est refermée à double tour.
- « Parfait ! dit Georges. Au moins on n’a plus à se soucier de celui-là. Il est vraiment venu se jeter dans la gueule du loup ! »
Tout le monde se met à rire. Cela leur fait du bien !
- « Allons vite maintenant dit Albert, qui pensait à sa petite fille, seule dans cette maison avec ce brigand de tailleur. Partons vite !»
En chemin, ils se répartissent en deux groupes, sauf Mina qui doit entrer tout doucement avec Hugo dans la maison et se rendre auprès d’Amandine, ou du moins près du placard où elle est enfermée, pour la rassurer et éviter qu’elle ne fasse du bruit et n’alerte Oscar.
Hugo ressortira avec la clé de la porte du haut : Il montera par l’extérieur avec Georges pendant que Antoine et Albert prendront l’escalier à l’intérieur.
Pendant qu’ils marchent sur le sentier emprunté par Hugo presque deux heures plus tôt, Madame Deschâteaux se remet de ses émotions, ce qui ne l’empêche pas de réfléchir à la situation. Que peut-elle faire de plus ? Rien d’autre qu’attendre ! Elle monte donc à sa chambre et s’allonge sur son lit. Ce qui la tracasse, c’est la signature du message que Jean Crétois a déposé au château de la part de son maître Oscar Hubin : Le « fantôme de la lune noire » ! Et tout à coup elle se souvient. C’est une histoire que l’on se racontait dans la famille, où il était question de ce fantôme. Oscar Hubin la connaissait donc, cette histoire de mauvais sort, et il l’avait utilisée pour leur faire peur ! Un très méchant homme avait, selon l’histoire, été condamné à errer, transformé en fantôme, sur les lieux de ses mauvais coups jusqu’à ce qu’il soit délivré par de très gentilles personnes qui avaient réussi à attendrir son cœur ! Mais qui donc lui avait raconté cela ?? Elle fit un effort de mémoire et…. Mais oui, la tante Morène ! Vivait-elle encore ? Elle devait être bien vieille…. Madame Deschâteaux résolut d’aller lui rendre une petite visite dès le lendemain, quand on aurait récupéré sa chère enfant. Puis elle attendit, incapable de dormir.
- « Oh là là ! » s’exclament la fillette, le garçon, et la grand-mère… !!!